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AU JARDIN DE LA REPUBLIQUE

Virgilio Carmona (Argentine)

 

Du Nord, je rapporte dans mon cœur

Cette joyeuse zamba qu’ici je chante
Et que les gens de Tucumán dansent
Avec leur enthousiasme de là-bas
Chacun suit son ou sa partenaire
Jeune ou vieux, j’en ai vu de tous les âges

 

Un demi-tour et la partenaire
Continue en faisant un cercle
Le gaucho arrive et lui fait un avec son foulard

Et le zapateo avec ses pieds commence alors

Puis le gaucho continue avec son floreo
Et termine par un zapateo

 

Pour les autres filles, non
Mais pour celles du Nord, oui
Pour celles de Tucumán
Femme élégante, fleur d’oranger

Tout ce qu’elles voudront
Car la première partie est terminée

Je n’oublie rien, crois-moi, mon vieil ami

De ces danses que font là-bas
Les hommes et les femmes de Tucumán

Tous s’efforcent de s’amuser

De rendre cette dure vie plus douce

Et ainsi, d’oublier leurs souffrances

 

Empanadas et pichets de vin
Une guitare, un bombo, un violon
Et quelques jeunes filles généreuses

Pour que la fête continue
Sans oublier les derniers qui s’incrustent

Et les vieux baratineurs qui nous font rire

 

Pour les filles de Simoca, non
Mais pour celles du Nord, oui

Pour les filles de Simoca
Mes désirs les plus fous sont d’être là-bas

Pour leur laisser mon cœur

En vous chantant cette zamba

LA MASSE

Silvio Rodriguez (Cuba)

Si je ne croyais pas à la folie
De la gorge de l’oiseau moqueur
Si je ne croyais pas que dans le maquis

Se cache le chant et la crainte.

 

Si je ne croyais pas à la balance

À la justesse de l’équilibre
Si je ne croyais pas à ce délire

Si je ne croyais pas à l’espoir.

 

Si je ne croyais pas à ce que je construis

Si je ne croyais pas en mon chemin
Si je ne croyais pas en ma musique
Si je ne croyais pas en mon silence.

 

Que serait
Que serait la masse sans carrière.
Un ramassis fait de cordes et de tendons
Un fouillis de chair et de bois
Un instrument sans meilleur éclat
Que de petites lumières montées pour la scène. Que serait, mon cœur, que serait
Que serait la masse sans carrière
Un prête-nom de l’escroc des applaudissements Un serveur de vieilleries dans une nouvelle coupe

Un éternisateur d’idoles sur le déclin
Un bouffon bouilli aux chiffons et aux paillettes

Que serait, mon cœur, que serait
Que serait la masse sans carrière.

 

Si je ne croyais pas à ce qui est le plus dur

Si je ne croyais pas au désir
Si je ne croyais pas à ce que je crois
Si je ne croyais pas à quelque chose de pur.

 

Si je ne croyais pas à chaque blessure

Si je ne croyais pas à celle qui rôde
Si je ne croyais pas en ce que cache

La fraternité envers la vie.

 

Si je ne croyais pas en ceux qui m’écoutent

Si je ne croyais pas à ce qui fait souffrir
Si je ne croyais pas à ce qui reste
Si je ne croyais pas à ce qui lutte.

 

Que serait...

MARIA LANDO

Paroles : César Calva (Pérou)

Musique : Chabuca Granda (Pérou)

L’aube éclate comme une statue

Une statue qui étire ses ailes

Au-dessus de la ville
Et la cloche marine chante à midi

Cloche marine dorée

Qui refuse la solitude
Et la nuit lève sa coupe

Sa coupe, lune naissante

Au-dessus de la mer

 

Mais pour María il n’y a pas d’aube
Mais pour María il n’y a pas de mi-journée
Pour María pas de lune
Levant sa coupe couleur sang au-dessus des eaux

 

María n’a pas le temps (María Landó)

De lever les yeux
Maria, de lever les yeux, (María Landó)

Battus de sommeil

Maria, battus de sommeil, (María Landó)

À force de souffrance
Maria, dans la souffrance (María Landó)

Ne fait que travailler

Maria ne fait que travailler, (Ne fait que travailler)

Maria ne fait que travailler
Et son travail sert à enrichir les autres

LE CHANT DU PILON

Traditionnel - Venezuela

Au revoir, petite sœur chérie
Je te dis au revoir
petite sœur
Et pourquoi tu ne me réponds pas

petite soeur

Tape fort dans ce mortier
Qu’il se casse une bonne fois
Dans le maquis il y a plein de bois

Et papa sait comment les fabriquer

J’ai mal à la tête
À force de taper dans ce mortier

Pour engraisser le cochon
Et m’acheter une blouse

 

Là-haut dans cette montagne

Il y a un mariage civil
C’est la gueule d’âne
Qui se marie avec la goitreuse

 

Si c’est ton mari qui t’inquiète,

Reprends-le, je te le rends,
Une blouse de coton
Il n’a pas été fichu de m’en offrir une

Je ne veux pas d’homme marié

Parce qu’il pue la vieille bête
Je les préfère célibataires
Car ils sentent l’ananas bien mûr

Voilà tête de diable qui passe

Avec son cœur de démon

Elle a la langue noire
Tant elle raconte de bobards

Et cette idiote croit
Qu’elle mérite d’avoir tout ça
Alors qu’elle vit dans un taudis
Qu’un coup de vent peut mettre à terre

 

 

 

LA MAISON DES FLEURS

Pablo Neruda (Chili)

...
Je vivais dans un quartier
de Madrid, avec des cloches,
avec des horloges, avec des arbres.
De là, on apercevait
le visage sec de Castille
comme un océan de cuir.
Ma maison était appelée
la maison des fleurs,
parce que de tous côtés
éclataient les géraniums : c’était
une belle maison
avec des chiens et des enfants.
Raoul, te souviens-tu ?
Te souviens-tu, Rafael ?
Federico, te souviens-tu,
sous la terre,
te souviens-tu de ma maison et des balcons
où la lumière de juin noyait des fleurs sur ta bouche ?
Frère, frère !
...
...
Et un matin tout était en flamme
et un matin les foyers
sortaient de terre
dévorant les vivants,
et dès lors ce fut le feu,
ce fut la poudre dès lors,
et dès lors ce fut le sang.
Des bandits avec des avions, avec des maures,

des bandits avec des bagues et des duchesses,

des bandits avec des moines noirs pour bénir

venaient du ciel pour tuer des enfants,
et à travers les rues le sang des enfants
coulait simplement, comme du sang d’enfants

...

 

LA VIDALA DES ADIEUX

Atahualpa Yupanqui (Argentine)

 

Par le chemin de cette colline

A l’aube je m’éloignerai
Par le chemin de cette colline

Qui sait si je reviendrai

 

Petite colombe adorée

Qui sait si je reviendrai

Ma vie c’est marcher sans cesse

M’arrêter, c’est souffrir
Je suis comme l’eau de la rivière

Condamné à ne pas revenir

TU ME QUIERES BLANCA

Poème d’Alfonsina Storni (Argentine)

Musique : Séverine Soulayres et Christophe Jacques (France)

Tu me veux d’albe,
Tu me veux d’écumes,
Tu me veux de nacre.
Que je sois un lys
Et surtout, chaste.

Délicatement parfumée.

Corolle fermée.
Qu’aucun rayon de lune

Ne m’ait traversée.

Qu’aucune marguerite
Ne se dise mon égale.
Tu me veux comme neige,

Tu me veux blanche,
Tu me veux d’albe.

Toi, qui as eu tous
Les calices à portée de main,

De fruits et de miels
Les lèvres violettes.
Toi qui, au festin
Couvert de pampres
As laissé libre cours à ta chair

En célébrant Bacchus.
Toi qui dans les jardins
Noirs du Mensonge
Vêtu de rouge
As couru à ta Perte.
Toi dont le squelette
Est resté intact
Je ne sais encore
Par quel miracle,

 

Tu m’exiges blanche

(Que Dieu te pardonne)

Tu m’exiges chaste

(Que Dieu te pardonne)

Tu m’exiges d’albe !

Enfuis-toi vers les bois ;

Va à la montagne ;

Lave-toi la bouche ;

Vis dans les cabanes ;

Touche de tes mains

La terre mouillée ;

Nourris ton corps

De racines amères ;
Bois l’eau des roches ;
Dors sur le givre ;
Régénère tes tissus
Avec du salpêtre et de l’eau ;

Parle avec les oiseaux
Et lève-toi à l’aube.
Et quand ta chair
Aura retrouvé sa place,
Et que tu y auras remis
Ton âme
Qui dans les alcôves
Était restée enchevêtrée,

Alors, mon bonhomme

Imagine-moi blanche,

Imagine-moi de neige,

Imagine-moi chaste.

ARRIBA QUEMANDO EL SOL

Violeta Parra (Chili)

Quand je suis partie dans la pampa

J'avais le cœur
Content comme un chardonneret,

Mais il y est mort.

J'ai d'abord perdu mes plumes

Ensuite, j'ai perdu la voix.
Et là-haut le soleil brûlant.

 

Quand j'ai vu des mineurs

Dans leur chambre,
Je me suis dit: "L'escargot

Est mieux dans sa coquille,

Ou encore le voleur raffiné

A l'ombre des lois".

Et là-haut le soleil brûlant.

 

Les rangées de taudis
Face à face, oui, monsieur;

Les rangées de femmes

Face à l'unique bassin,

Chacune avec son seau
Et son affliction sur le visage.

Et là-haut le soleil brûlant.

 

Je traverse un village mort,
Mon coeur se trouble,
Bien que des gens y vivent
La mort est bien plus importante.

On a enterré la justice

On a enterré la raison.
Et le soleil se lève, brûlant.

Si quelqu'un dit que je rêve

Des contes de pondération,
Je dis cela se passe à Chuqui,

Mais à Santa Juana, c'est pire.

Le mineur ne sait pas encore

Ce que vaut sa douleur.

Et le soleil se lève, brûlant.

Je suis retournée à Santiago
Sans comprendre la couleur
Avec laquelle ils peignent la nouvelle

Lorsque le pauvre dit "non".
En bas, la nuit sombre,
Or, salpêtre et carbone.
Et le soleil se lève, brûlant.

NUEVA CANCIÓN

Séverine Soulayres / Christophe Jacques (France)

Longtemps, je t’ai cherché,

Sous les feuilles,
Dans la couleur des fleurs,

À la pointe des arbres

Qui défient les cieux les plus sombres,
Dans le courage des femmes et des hommes,
Dans l’amour des enfants,
Dans la beauté des animaux,
Dans le sourire des amants ;
Toutes ces choses résonnent en moi, Pachamama...

 

Vous aviez tout raconté
Mais l’horizon s’obscurcit à nouveau,
Loi du marché,
Préférence nationale,
Suprématie blanche,
Finances,
Expropriations
Génocides,
Épurations éthniques,
Oppression religieuse,
Mais de quoi avez-vous oublié de nous parler
Violeta, VÍctor, Mercedes, Atahualpa, Daniel, Alfonsina ?

De rien, vous avez dit tout ce qui est déjà arrivé...

 

Résistances, Fraternité, Égalité,
Solidarité, Volupté, Unité,
Música, Rythmes de cœur,
Couleurs qui nous ramènent à notre mère la terre,

À nos sœurs, nos frères,

Bien au-delà de nos frontières imaginaires...

Nueva canción.

 

 

 

COMO LA CIGARRA

Maria Elena Walsh (Argentine)

On m'a tuée tellement de fois,
Je suis morte tellement de fois,

Et pourtant me voilà, ressuscitée.

Je rends grâce à la malchance

Et à la main serrant le poignard,

Parce qu'elle m'a tuée si mal,
Et j'ai continué à chanter.

 

Je chante au soleil comme la cigale,

Apres un an passée sous terre,
Tout comme le survivant
Qui revient de la guerre.

 

On m'a effacée tellement de fois,
Toutes ces fois, j'ai disparu,
Je suis allée à mon propre enterrement, seule et en pleurs.

J'ai fait un nœud à mon foulard, mais après j'ai oublié
Que ce n'était pas la seule fois
Et j'ai continué à chanter.

Je chante au soleil comme la cigale,

Apres un an passée sous terre,
Tout comme le survivant
Qui revient de la guerre.

 

On t'a tué tellement de fois,
Tu ressusciteras autant de fois
Tu passeras tellement de nuits, désespérée.
Et à l'heure du naufrage et à celle de l'obscurité

Quelqu'un te sauvera,
Pour aller chanter.

 

Je chante au soleil comme la cigale,

Apres un an passée sous terre,
Tout comme le survivant
Qui revient de la guerre.

SANTIAGO DU CHILI

Silvio Rodriguez (Cuba)

Là-bas, j'ai aimé une femme terrible,
Pleurant à cause de la fumée toujours éternelle

De cette ville acculée
Par des symboles de l'hiver.

Là-bas, j'ai appris à résister au froid sur ma peau

Et à jeter ensuite mon corps dans la bruine,
Dans les mains de la brume dure et blanche,

Dans les rues énigmatiques.

Il n'est pas mort,
On ne me l'a pas tué

Ni avec la distance

Ni avec le vil soldat.

Là-bas, dans les collines, j'avais des amis
Qui au milieu des bombes de fumée étaient frères.

Là-bas, j'ai eu plus de quatre choses
Que j'avais toujours désirées.

Là-bas, notre chanson s'est faite discrète

Parmi la foule désespérée :
Un puissant chant de la terre
Était ce qui se chantait le plus

Il n'est pas mort,
On ne me l'a pas tué

Ni avec la distance

Ni avec le vil soldat.

Il m’a suivi, comme une ombre,
Le visage de celui que l'on ne voyait plus,

Et la mort m'a murmuré à l'oreille
Qu'elle apparaîtrait bientôt.

Là-bas, j'ai ressenti la haine, la dignité,

Les enfants mendiants de l'aube,
Et le désir de changer chaque corde

Par un sac de balles.

JE DEMANDE SEULEMENT À DIEU

León Gieco (Argentine

 

Je demande seulement à Dieu
Que la douleur ne me soit pas indifférente,

Qu’une mort brutale ne vienne me cueillir

Vide et seule, avant que je n’aie pu faire

ce qu’il me restait encore à faire.

Je demande seulement à Dieu
Que l'injustice ne me soit pas indifférente,

Que l'on ne me gifle pas l'autre joue,
Après avoir subi la meurtrissure de la griffure.

Je demande seulement à Dieu
Que la guerre ne me soit pas indifférente,
C'est un monstre énorme qui écrase lourdement

La pauvre innocence des gens
C'est un monstre énorme qui écrase lourdement

La pauvre innocence des gens

Je demande seulement à Dieu
Que le mensonge ne me soit pas indifférent,

Si un traître peut plus que quelques-uns,

Que ces quelques-uns sachent s’en souvenir

Je demande seulement à Dieu
Que le futur ne me soit pas indifférent,

Il est perdu celui qui doit partir ailleurs

Pour vivre une culture différente.

Je demande seulement à Dieu
Que la guerre ne me soit pas indifférente,
C'est un monstre énorme qui écrase lourdement

La pauvre innocence des gens.
C'est un monstre énorme qui écrase lourdement

La pauvre innocence des gens.

 

 

 

ALFONSINA Y EL MAR / Alfonsina et la mer

Félix Luna  / musique : Ariel Ramírez (Argentine)

Sur le sable doux que lèche la mer 
Sa petite empreinte ne revient plus 
Et un chemin seul de peine et de silence est arrivé

Jusqu’à l’eau profonde 
Et un chemin seul de peines pures est arrivé 
Jusqu'à l'écume


Dieu sait quelle angoisse t'a accompagnée 
Quelles vieilles douleurs se sont tues avec ta voix
Pour t'allonger, bercée par le chant
Des conques marines 
La chanson que chante dans les profondeurs obscures de la mer 

La conque 
 

[Refrain] 


Tu t'en vas Alfonsina avec ta solitude 
Quels poèmes nouveaux es-tu allée chercher ? 

Et une ancienne voix de vent et de sel 
Courtise ton âme 
Et l'appelle 
Et tu t'en vas vers l'au delà comme dans un rêve

Alfonsina endormie, vêtue de mer


Cinq petites sirènes t'emporteront 

Par les chemins d'algues et de corail 
Et des hippocampes phosphorescents feront 

 

Une ronde à tes cotés. 
Et les habitants de la mer vont jouer bientôt à tes cotés.


Baisse la lumière un peu plus 
Laisse moi dormir, reposer en paix 
Et s'il appelle, ne lui dis pas que je suis là
Dis-lui qu’ Alfonsina ne reviendra pas 
Et s'il appelle, ne lui dis jamais que je suis là
Dis que je suis partie.

LOS HERMANOS / Les frères

Atahualpa Yupanqui / Pablo del Cerro (Argentine)

J'ai tant de frères 
Que je ne peux les compter.
Dans la vallée, dans la montagne, 
Sur la plaine et sur les mers.


Chacun avec ses peines 
Avec ses rêves chacun.
Avec l'espoir devant,
Et derrière les souvenirs.

J'ai tant de frères 
Que je ne peux les compter.
Des mains chaleureuses
De leur amitié,
Avec une complainte pour pleurer

Avec une prière pour prier.
 

Avec un horizon ouvert
Qui est toujours plus loin
Et cette force pour le chercher
Avec obstination et volonté́.

 

Quand il semble au plus près 
C'est alors qu'il s'eĺoigne le plus 
J'ai tant de frères 
Que je ne peux les compter.


Et ainsi nous allons toujours 
Empreints de solitude 
Nous nous perdons par le monde
Nous nous retrouvons toujours.


Et ainsi nous nous reconnaissons
Le même regard lointain,
Et les refrains que nous mordons,
Semences d'immensité.


J'ai tant de frères 
Que je ne peux les compter,
Et une sœur si belle 
Qui s'appelle Liberté ! 

EL PAYANDE

José Vicente Holguin (Colombie) / Luis Eugenico Albertini (Pérou)

Je suis née sur une page de Magdalena
A l'ombre d'un payande
Comme ma mère était noire et esclave 
Moi aussi, j’en ai porté la marque.

 

Ah ! Maudit destin 
Que de porter des chaînes et être l’esclave
Et être l’esclave d'un homme vil. 

 

Tous les matins, au lever du jour
Je vais au champ avec ma pioche,
Je mange des bananes séchées,
Et j'abreuve la terre de ma sueur,

 

Ah ! Maudit destin, 
Que de porter des chaînes et être l’esclave 
Et être l’esclave d'un homme vil.

 

Si je pouvais, j’attraperais ma lance,
Et me vengerais de mon maître,
Avec plaisir je mettrais le feu à sa maison
Et lui arracherais le coeur,

 

Ah ! Maudit destin,
Que de porter des chaînes et être l’esclave 
Et être l’esclave d'un homme vil.

VIDALA PARA MI SOMBRA / Vidala pour mon ombre

Julio Santos Espinosa (Argentine)

 

Parfois je poursuis mon ombre
Parfois elle me suit.
Pauvre d’elle si je meurs
Avec qui va-t-elle marcher ?

 

Ce n’est pas que mon vin se renverse,
Je le fais bien à dessein
Mon ombre boit et la vie
Est à nous deux.


Aplatie et silencieuse
Où pourras-tu trouver,
Une autre ombre compagne
Qui partage tes souffrances.


Petite ombre, garde-moi bien
Tout ce que je laisserai,
Quand m’imprègnera jusqu’à l’intérieur de moi-même
L’obscurité.


Parfois je poursuis mon ombre,
Parfois elle me suit 
Pauvre d’elle si je meurs 
Avec qui va-t-elle continuer ? 

GRACIAS A LA VIDA / Merci à la vie

Violeta Parra (Chili) 

Merci à la vie 
Qui m'a tant donné
Elle m'a donné deux étoiles
Que quand je les ouvre
Je distingue parfaitement
Le noir du blanc
Et dans le ciel haut son fond étoilé 
Et parmi la multitude
L'homme que j'aime.


Merci à la vie 
Qui m'a tant donné
Elle m'a donné le son 
Et l'alphabet 
Avec lui les mots 
Que je pense et prononce
''Mère, ami, frère''
Et la lumière qui éclaire le chemin de l'âme de celui que j'aime.

 

Merci à la vie 
Qui m'a tant donné
Elle m'a donné l'ouïe
Qui dans toute son amplitude
Enregistre nuit et jour 
Criquets et canaris 
Marteaux, turbines, aboiements, averses 
Et la voix si douce de mon bien-aimé. 


Merci à la vie 
Qui m'a tant donné
Elle m'a donné la marche 
De mes pieds fatigués
Avec eux j'ai parcouru
Villes et flaques d'eau
Plages et déserts, montagnes et plaines

Et ta maison, ta rue et ta cour.


Merci à la vie 
Qui m'a tant donné
Elle m'a donné le rire
Et m’a donné les pleurs
Ainsi je distingue 
Bonheur et déchirement
Les deux matériaux qui composent mon chant 
Votre chant qui est aussi mon propre chant 
Merci à la vie qui m'a tant donné !

TE RECUERDO AMANDA / Souviens-toi Amanda

Víctor Jara (Chili) 

Souviens-toi, Amanda, 
La rue mouillée, 
Et toi, courant à la fabrique 
Où travaillait Manuel. 

 

Ton grand sourire,
La pluie dans les cheveux,
Rien n’avait d’importance
Tu allais le retrouver
Lui, lui, lui, lui.

 

Ce sont cinq minutes, 
La vie est éternelle
En cinq minutes. 

 

La sirène retentit
De retour au travail

Et toi, en marchant,

Tu illumines tout

Ces cinq minutes

 Te font fleurir.

 

La rue mouillée,

​Et toi, courant à la fabrique, 
Où travaillait Manuel.

 

Ton grand sourire

La pluie dans les cheveux,
Rien n’avait d’importance
Tu allais le retrouver
Lui, lui, lui, lui. 

 

Qui est parti à la sierra
Qui jamais n’a fait de mal, 
Qui  est parti à la sierra

 

Et en cinq minutes
Fut mis en pièces. 
La sirène retentit
De retour au travail, 
Beaucoup ne sont pas revenus, 
Et Manuel non plus. 

MANIFIESTO / Manifeste

Víctor JARA (Chili)

Je ne chante pas pour chanter
Ou pour avoir une belle voix
Je chante parce que la guitare
A raison et fait sens.

 

Elle a un cœur de terrestre
Et des ailes de colombe,
Elle est comme l'eau bénite,
Elle signe les gloires et les peines.

 

Ici s'est mis mon chant,
Comme dirait Violeta,
Guitare ouvrière
Au parfum du printemps.
Ce n'est pas une guitare de riches 
Et elle ne paye pas de mine.
Mon chant est comme un tremplin

Pour atteindre les étoiles,
 

Car le chant fait sens
Lorsqu'il palpite dans les veines
De celui qui mourra en chantant
Les vraies vérités.

 

Non pas les flatteries fugaces
Ni les célébrités étrangères

Mais le chant d'un marché

Jusqu'au fond de la terre.
 

Là où tout arrive
Et où tout commence,
Le chant du courage
Sera éternellement de la Nueva Canción.

PUNAY

Atahualpa Yupanqui (Argentine)

Punay ! Punay !
Rends-la moi, rends-la moi 
Ma petite bergère égarée !
Petite bergère de la Puna
Perdue dans la nuit méchante
Ma voix dans le vent te cherche
Et dans la Puna te réclame

Devrais-je la vie durant
vent et terre avaler,
Petite bergère de la Puna
Je te retrouverai.

 

Punay ! Punay !
Rends-la moi, rends-la moi 
Ma petite bergère égarée !

DOS  GARDENIAS / Deux Gardénias

Isolina Carrillo (Cuba)

Voici deux gardénias,
pour te dire
Que je t'aime, que je t'adore, ma vie
Prends-en bien soin
Car ils seront ton cœur et le mien. 

 

Voici deux gardénias
Qui auront toute la chaleur d’un baiser.
Comme un de ces baisers que je t'ai donnés 
Et que tu ne trouveras jamais
Dans les bras d'un autre amant.
A tes côtés ils vivront 
t te parleront
Comme quand tu es avec moi.
Et tu croiras même qu'ils te disent je t'aime 
Je t'aime.

A DESALAMBRAR / Abaissons les barbelés

Daniel Viglietti (Uuruguay)

Je demande à ceux ici présents
​S’ils n’y ont jamais songé
Que cette terre est la nôtre
Et pas celle de celui qui possède tout.


 

Je demande si sur cette terre
Personne n’aurais jamais songé
Que si ces mains sont les nôtres
Alors ce qu’elles nous donnent est à nous. 

 

Abaissons les barbelés !
La terre nous appartient,
Elle est à toi et à lui,
A Pierre et Marie, à Jean et à Joseph.

 

Si ma chanson dérange
Celui qui ne veut pas l'écouter
Je peux vous assurer que c’est un gringo
Ou un propriétaire de ce pays

 

Abaissons les barbelés !
La terre nous appartient,
Elle est à toi et à lui
A Pierre et Marie, à Jean et à Joseph. 

LLEGÓ CON TRES HERIDAS / Arrivé avec trois blessures

Miguel Hernández - Joan Manuel Serrat (Espagne)

Arrivé avec trois blessures :
Celle de l’amour,
Celle de la mort,
Celle de la vie.


Vient avec trois blessures :
Celle de la vie,

​Celle de l’amour,
Celle de la mort.


Moi avec trois blessures :
elle de la vie,
Celle de la mort,
Celle de l’amour.

DE COLORES / En couleurs

Traditionnel mexicain 

De couleurs
Se drapent les champs aux printemps
De couleurs
Sont les petits oiseaux qui s’approchent
De toutes les couleurs
Est l’arc-en-ciel que nous voyons briller


Le coq fait cocorico
a poule caquette
La poule
Caquette
Les poussins
Pépient

Des couleurs
Lumineuses et délicates forment l’aurore
Colorés 
Colorés sont les mille reflets du soleil

Colorés
Sont les éclats du diamant

C’est pour ça que les grandes amours
je les aime de toutes les couleurs

COMO UN PÁJARO LIBRE / Comme un oiseau libre

Adela Gleijer / Diana Reches (Uruguay)

 

Comme un oiseau libre en plein vol,
Comme un oiseau libre, je t’aime ainsi. 


Neuf mois durant tu as grandi dans mon ventre
Et tu continues de grandir et de découvrir

De découvrir et d’apprendre à devenir un homme
Cada minuto tuyo lo vivo y muero


Chaque minute de ta vie, je les vis et je meurs
Quand tu n’es pas là mon fils, combien je t’attends
Etant donné que la peur, tel un vers, me ronge et me dévore
Dès que j’ouvre le journal, je cherche ton nom


Je me meurs tous les jours mais je veux te dire ceci
u n’as pas besoin de courir ta vie comme un mendiant
Tu détiens le monde, tu dois le changer
Le chemin est de moins en moins long

EL POETA / Le poète

Atahualpa Yupanqui (Argentine)

Toi tu te crois différent
Parce qu’on t’appelle poète

Et que tu as un monde bien à part 
Par-delà les étoiles

 

A force de regarder la lune
Tu ne vois plus rien
Tu es pareil au pauvre aveugle
Qui ne sait pas où il va

 

Va-t-en regarder les mineurs
Les hommes dans les champs de blé
Et chante pour ceux qui luttent
Pour un morceau de pain.

 

Poète aux aimables rimes
Va-t-en vivre dans la jungle
Et tu en apprendras beaucoup
du bûcheron et de ses misères

 

Vis avec le peuple
Ne le regarde pas depuis l’extérieur
D’abord il y a l’humain
Et seulement ensuite un poète

DUERME NEGRITO / Dors, petit enfant noir

Chanson populaire d’Amérique Latine - Auteur Anonyme

Dors, dors, petit enfant noir,
Pendant que maman est aux champs
Petit enfant noir.
Dors, dors, petit enfant noir,
Pendant que maman est aux champs Negrito.

Petit enfant noir.

Elle apportera des cailles pour toi,

Tlle apportera des fruits savoureux pour toi, 
Elle apportera de la viande de porc pour toi, 
Elle apportera beaucoup de choses pour toi. 
Et si le petit noir ne s'endort pas
Viendra le diable blanc
Et clac !
Il mangera ta petite patte.
Chacapumba ( x6)
Chacapumba ( x6)

 

Dors, dors, petit enfant noir,
Pendant que maman est aux champs Negrito.

Petit enfant noir. 


Elle travaille, elle travaille dur, 
Elle travaille oh oui,
Elle travaille, habillée de deuil,
Elle travaille oh oui,
Elle travaille et elle tousse,
Elle travaille oh oui,
Elle travaille et n’est pas payée
Elle travaille oh oui, 


Pour l'enfant noir tout petit
Elle travaille oh oui,
Habillée de deuil oh oui,
En toussant oh oui,
Sans être payée oh oui,
Très  dur, oh oui, 


Dors, dors, petit enfant noir,
Pendant que maman est aux champs Negrito(x3).
Petit enfant noir. (x3)

AL JARDIN DE LA REPÚBLICA

Virgilio Carmona (Argentine)

Desde el norte traigo en el alma

La alegre zamba que canto aquí

Y que bailan los tucumanos

Con entusiasmo propio de allí

Cada cual sigue a su pareja

Joven o viejo de todo vi

 

Media vuelta y la compañera

Forma una rueda para seguir

Viene el gaucho le hace un floreo

Y el zapateo comienza allí

Sigue el gaucho con su floreo

Y el zapateo termina aquí

 

Para las otras no
Pa’ las del Norte sí
Para las tucumanas
Mujer galana naranjo en flor

Todo lo que ellas quieran

Que la primera ya terminó

 

No me olvido, viera compadre

De aquellos bailes que hacen allí

Tucumanos y tucumanas
Todos se afanan por divertir
Y hacer linda esta mala vida
Así se olvidan que hay que sufrir

 

Empanadas con vino en jarra

Una guitarra bombo y violín
Y unas cuantas mozas bizarras

Pa’ que la farra pueda seguir

Sin que falten esos coleros

Viejos cuenteros que hagan reír

 

Para las otras no
Pa’ las del Norte sí
Para las de Simoca
Mis ansias locas de estar allí

Para dejarles mi alma
En esta zamba que canto aquí

LA MAZA

Silvio Rodriguez (Cuba)

Si no creyera en la locura
De la garganta del sinsonte
Si no creyera que en el monte

Se esconde el trino y la pavura.

 

Si no creyera en la balanza

En la razón del equilibrio
Si no creyera en el delirio
Si no creyera en la esperanza.

 

Si no creyera en lo que agencio

Si no creyera en mi camino
Si no creyera en mi sonido
Si no creyera en mi silencio.

 

Qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera.
Un amasijo hecho de cuerdas y tendones
Un revoltijo de carne con madera
Un instrumento sin mejores resplandores
Que lucecitas montadas para escena.
Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera

Qué cosa fuera la maza sin cantera
Un testaferro del traidor de los aplausos
Un servidor de pasado en copa nueva
Un eternizador de dioses del ocaso
Júbilo hervido con trapo y lentejuela.
Qué cosa fuera, corazón, qué cosa fuera
Qué cosa fuera la maza sin cantera.

 

Si no creyera en lo más duro

Si no creyera en el deseo
Si no creyera en lo que creo

Si no creyera en algo puro.

 

Si no creyera en cada herida
Si no creyera en la que ronde

Si no creyera en lo que esconde

Hacerse hermano de la vida.

 

Si no creyera en quien me escucha

Si no creyera en lo que duele
Si no creyera en lo que quede
Si no creyera en lo que lucha.

 

Qué cosa fuera...

MARIA LANDO

Paroles : César Calva (Pérou)

Musique : Chabuca Granda (Pérou)

 

La madrugada estalla como una estatua

Como una estatua de alas
Que se dispersan por la ciudad
Y el mediodía canta campana de agua

Campana de agua de oro

Que nos prohíbe la soledad
Y la noche levanta su copa larga

Su larga copa larga, luna temprana

Por sobre el mar

 

Pero para María no hay madrugada,

Pero para María no hay mediodía,

Pero para María ninguna luna,
Alza su copa roja sobre las aguas

 

María no tiene tiempo (María Landó)

De alzar los ojos
María, de alzar los ojos (María Landó)

Rotos de sueño

María, rotos de sueño (María Landó)
De andar sufriendo,
María, de andar sufriendo (María Landó)

Sólo trabaja

María sólo trabaja, sólo trabaja, (sólo trabaja)

María sólo trabaja
Y su trabajo es ajeno

EL CANTO DEL PILÓN

Traditionnel - Venezuela

Adiós manita querida, oh

Adiós que te voy diciendo

manita, oh
Y por qué no me contestas

manita, oh

 

Dale duro a ese pilón
Que se acabe de romper
Que en el monte hay mucho palo

Y papá lo sabe hacer

 

Ya me duele la cabeza
De tanto dale al pilón

Para engordar un cochino

Y compra’me un camisón

 

Allá arriba en aquel cerro

Ta’ un matrimonio civil

Se casa la bemba’e burro

Con el pescuezo’e violín

 

Si por tu mario es

Cógelo que allá te va

Un camisón de cretona

No me lo ha llegaoa da

 

Yo no quiero hombre casao

Porque hiede a mataúra
Yo lo quiero solterito
Que huele a piña maúra

 

Y allá va la cara’e diablo

De corazón de demonio

Que tiene la lengua negra

De levantar testimonio

Y la zoqueta se cree
Que todo se lo merece
Y vive en un peazo’e rancho

Que el viento se lo estremece

LA CASA DE LAS FLORES

Pablo Neruda (Chili)

...
Yo vivía en un barrio
de Madrid, con campanas,
con relojes, con árboles.
Desde allí se veía
el rostro seco de Castilla
como un océano de cuero.
Mi casa era llamada
la casa de las flores,
porque por todas partes
estallaban geranios : era
una bella casa
con perros y chiquillos.
Raúl, ¿ te acuerdas ?
¿ Te acuerdas, Rafael ?
Federico, ¿ te acuerdas. ?
debajo de la tierra,
te acuerdas de mi casa con balcones en
donde la luz de junio ahogaba flores en tu boca ?

¡Hermano, hermano !
...
...
Y una mañana todo estaba ardiendo
y una mañana las hogueras
salían de la tierra
devorando seres,
y desde entonces fuego,
pólvora desde entonces,
y desde entonces sangre.
Bandidos con aviones y con moros,
bandidos con sortijas y duquesas,
bandidos con frailes negros bendiciendo
venían por el cielo a matar niños,
y por las calles la sangre de los niños
corría simplemente, como sangre de niños.
...

LA VIDALA DEL ADIÓS

Atahualpa Yupanqui (Argentine)

Por esta senda del cerro

Al alba me alejaré
Por esta senda del cerro

Quién sabe si volveré

 

Añuritay, palomitay

Quién sabe si volveré

 

Mi vida es andar andando

Detenerme es padecer

Soy como el agua del río

Condenao a no volver

TU ME QUIERES BLANCA

Poème d’Alfonsina Storni (Argentine)

Musique : Séverine Soulayres et Christophe Jacques (France)

Tú me quieres alba,
Me quieres de espumas,

Me quieres de nácar.

Que sea azucena
Sobre todas, casta.
De perfume tenue.

Corola cerrada.
Ni un rayo de luna

Filtrado me haya.
Ni una margarita
Se diga mi hermana.
Tú me quieres nívea,
Tú me quieres blanca,

Tú me quieres alba.

 

Tú que hubiste todas

Las copas a mano,
De frutos y mieles
Los labios morados.

Tú que en el banquete

Cubierto de pámpanos

Dejaste las carnes

Festejando a Baco.

Tú que en los jardines

Negros del Engaño

Vestido de rojo

Corriste al Estrago.

Tú que el esqueleto

Conservas intacto

No sé todavía
Por cuáles milagros,

 

Me pretendes blanca

(Dios te lo perdone)
Me pretendes casta

(Dios te lo perdone)

¡ Me pretendes alba !

Huye hacia los bosques;

Vete a la montaña;

Límpiate la boca;

Vive en las cabañas;

Toca con las manos
La tierra mojada;

Alimenta el cuerpo
Con raíz amarga;
Bebe de las rocas;

Duerme sobre escarcha;

Renueva tejidos

Con salitre y agua;

Habla con los pájaros
Y lévate al alba.
Y cuando las carnes
Te sean tornadas,
Y cuando hayas puesto

En ellas el alma
Que por las alcobas
Se quedó enredada,

Entonces, buen hombre,

Preténdeme blanca,

Preténdeme nívea,

Preténdeme casta.

ARRIBA QUEMANDO EL SOL

Violeta Parra (Chili)

Cuando fui para la Pampa

llevaba mi corazón

contento como un chirigüe,

pero allá se me murió.

Primero perdí las plumas

y luego perdí la voz.
Y arriba quemando el sol.

 

Cuando vi de los mineros

dentro de su habitación,

me dije: "mejor habita
en su concha el caracol,

o a la sombra de las leyes

el refinado ladrón".

Y arriba quemando el sol.

 

Las hileras de casuchas

frente a frente, sí, señor;

las hileras de mujeres

frente al único pilón,

cada una con su balde

y con su cara de aflicción.

Y arriba quemando el sol.

 

Paso por un pueblo muerto,

se me nubla el corazón,

aunque donde habita gente

la muerte es mucho mayor.

Enterraron la justicia

enterraron la razón.

Y arriba quemando el sol.

 

Si alguien dice que yo sueño

cuentos de ponderación,
digo que esto pasa en Chuqui,

pero en Santa Juana es peor.

El minero ya no sabe

lo que vale su dolor.
Y arriba quemando el sol.

 

Me volvi para Santiago
Sin comprender el color

con que pintan la noticia

Cuando el pobre dice « no ».

Abajo, la noche oscura,

oro, salitre y carbón.
Y arriba quemando el sol.

NUEVA CANCIÓN

Séverine Soulayres / Christophe Jacques (France)

Siempre te busqué
Bajo las hojas,
En el color de las flores,
En la cima de los árboles
Que desafían los cielos sombríos,
En el coraje de las mujeres y de los hombres,
En el amor de los niños,
En la belleza de los animales,
En la sonrisa de los amantes ;
Todas esas cosas resuenan en mí, Pachamama...

 

Lo habían contado todo
Pero el horizonte se oscurece de nuevo,
Leyes del mercado,
Preferencia nacional,
Supremacia blanca,
Finanzas,
Expropriaciones,
Genocidios,
Depuraciones etnicas,
Opresión religiosa,
¿ Pero de qué olvidaron de hablarnos,
Violeta, Víctor, Mercedes, Atahualpa, Daniel, Alfonsina ?

De nada, han dicho lo que ya ocurrió...

 

Resistencias, Fraternidad, Igualdad,
Solidaridad, Voluptuosidad,Unidad
Música, Ritmos de corazón,
Colores que nos llevan de nuevo a nuestra madre tierra,

A nuestras hermanas, nuestros hermanos,

Mucho más allá de nuestras fronteras imaginarias ...

Nueva canción.

 

 

 

COMO LA CIGARRA

Maria Elena Walsh (Argentine)

Tantas veces me mataron
Tantas veces me morí
Sin embargo estoy aquí resucitando

Gracias doy a la desgracia
y a la mano con puñal
Porque me mató tan mal
Y seguí cantando

 

Cantando al sol como la cigarra

Después de un año bajo la tierra

Igual que sobreviviente
Que vuelve de la guerra

 

Tantas veces me borraron
Tantas desaparecí
A mi propio entierro fui sola y llorando
Hice un nudo del pañuelo pero me olvidé después

Que no era la única vez
Y seguí cantando

 

Cantando al sol como la cigarra

Después de un año bajo la tierra

Igual que sobreviviente
Que vuelve de la guerra

 

Tantas veces te mataron
Tantas resucitarás
Cuántas noches pasarás desesperando
Y a la hora del naufragio y a la de la oscuridad

Alguien te rescatará
Para ir cantando

 

Cantando al sol como la cigarra

Después de un año bajo la tierra

Igual que sobreviviente
Que vuelve de la guerra

SANTIAGO DE CHILE

Silvio Rodriguez (Cuba)

Allí amé a una mujer terrible,

llorando por el humo siempre eterno

de aquella ciudad acorralada
por símbolos de invierno.

 

Allí aprendí a quitar con piel el frío
y a echar luego mi cuerpo a la llovizna,

en manos de la niebla dura y blanca,

en calles del enigma.

 

Eso no está muerto,

no me lo mataron
ni con la distancia

ni con el vil soldado.

 

Allí entre los cerros tuve amigos
que entre bombas de humo eran hermanos.

Allí yo tuve más de cuatro cosas
que siempre he deseado.

Allí nuestra canción se hizo pequeña

entre la multitud desesperada :
un poderoso canto de la tierra
era quien más cantaba.

 

Eso no está muerto,

no me lo mataron
ni con la distancia

ni con el vil soldado.

 

Hasta allí me siguió como una sombra

el rostro del que ya no se veía,
y en el oído me susurró la muerte
que ya aparecería.

 

Allí yo tuve un odio, una vergüenza,

niños mendigos de la madrugada,

y el deseo de cambiar cada cuerda

por un saco de balas.

 

SOLO LE PIDO A DIOS

León Gieco (Argentine)

 

Solo le pido a Dios
Que el dolor no me sea indiferente
Que la reseca muerte no me encuentre

Vacía y sola sin haber hecho lo suficiente

 

 

Solo le pido a Dios
Que lo injusto no me sea indiferente
Que no me abofeteen la otra mejilla
Después que una garra me arañó esta suerte

 

Solo le pido a Dios
Que la guerra no me sea indiferente

Es un monstruo grande y pisa fuerte

Toda la pobre inocencia de la gente

Es un monstruo grande y pisa fuerte

Toda la pobre inocencia de la gente

 

Solo le pido a Dios
Que el engaño no me sea indiferente
Si un traidor puede más que unos cuantos

Que esos cuantos no lo olviden fácilmente

 

Solo le pido a Dios
Que el futuro no me sea indiferente

Desahuciado está el que tiene que marchar

A vivir una cultura diferente

 

Solo le pido a Dios
Que la guerra no me sea indiferente

Es un monstruo grande y pisa fuerte

Toda la pobre inocencia de la gente

Es un monstruo grande y pisa fuerte

Toda la pobre inocencia de la gente

 

ALFONSINA Y EL MAR / Alfonsina et la mer
Félix Luna  / musique : Ariel Ramírez (Argentine)

 

Por la blanda arena que lame el mar 
Su pequeña huella no vuelve más 
Y un sendero solo de pena y silencio llegó 
Hasta el agua profunda 
Y un sendero solo de penas mudas llegó 
Hasta la espuma


Sabe Dios que angustia te acompañó 
Qué dolores viejos calló tu voz 
Para recostarte arrullada en el canto 
De las caracolas marinas 
La canción que canta en el fondo oscuro del mar 
La caracola 

 

[Coro] 

Te vas Alfonsina con tu soledad 
¿qué poemas nuevos fuiste a buscar ? 
Y una voz antigua de viento y de sal 
Te requiebra el alma 
Y la está llamando 
Y te vas, hacia allá como en sueños, 
 Alfonsina, vestida de mar. 


Cinco sirenitas te llevarán 

Por caminos de algas y de coral 
Y fosforescentes caballos marinos harán 

 

Una ronda a tu lado. 
Y los habitantes del agua van a jugar pronto a tu lado. 


Baj́ame la lámpara un poco más 
Dej́ame que duerma, nodriza en paz 
Y si llama eĺ no le digas que estoy, 
Dile que Alfonsina no vuelve. 
Y si llama eĺ no le digas nunca que estoy, 
Di que me he ido.

 

LOS HERMANOS / Les frères
Atahualpa Yupanqui / Pablo del Cerro (Argentine)

 

Yo tengo tantos hermanos 
que no los puedo contar. 
En el valle, en la montaña, 
en la pampa y en el mar.


Cada cual con sus trabajos, 
con sus sueños, cada cual. 
Con la esperanza delante, 
Con los recuerdos detrás. 


Yo tengo tantos hermanos 
Que no los puedo contar. 
Gente de mano caliente 
Por eso de la amistad, 
Con uno lloro, pa' llorarlo, 
Con un rezo pa' rezar.

 

Con un horizonte abierto 
Que siempre está más allá. 
Y esa fuerza par buscarlo 
Con tesón y voluntad.


Cuando parece más cerca 
Es cuando se aleja más. 
Yo tengo tantos hermanos 
Que no los puedo contar.


Y así seguimos andando 
Curtidos de soledad. 
Nos perdemos por el mundo, 
nos volvemos a encontrar. 


Y así nos reconocemos 
Por el lejano mirar, 
Por las coplas que mordemos, 
Semillas de inmensidad. 


Yo tengo tantos hermanos 
Que no los puedo contar, 
Y una hermana muy hermosa 
Que se llama ¡ Libertad !

EL PAYANDE 
José Vicente Holguin (Colombie) / Luis Eugenico Albertini (Pérou)

 

Nací en la playa de Magdalena 
Bajo la sombra de un payande
Como mi madre fue negra esclava

ambién la marca yo la llevé

 

Ay, suerte maldita, 
Llevar cadenas y ser esclava
Y ser esclava, de un vil señor

 

Por las mañanas, cuando amanece
Me voy al campo, con mi azadón, 
Como atasajo plátano asado, 
Riego la tierra con mi sudor, 

 

Ay, suerte maldita, 
Levar cadenas y ser esclava
Y ser esclava, de un vil señor

 

Si yo pudiera coger mi lanza, 
Vengarme airada de mi señor, 
Con gusto viera yo arder su casa 
Y le arrancara el corazón, 

 

Ay, suerte maldita, 
Llevar cadenas y ser esclava
Y ser esclava, de un vil señor

 

 

 

VIDALA PARA MI SOMBRA / Vidala pour mon ombre

Julio Santos Espinosa (Argentine)

 

A veces sigo a mi sombra, 
A veces viene detrás,
pobrecita si me muero
Con quién va a andar ?

 

No es que se vuelque mi vino, 
Lo derramo de intención

Mi sombra bebe y la vida
Es de los dos.

 

Achatadita y callada
Dónde podrás encontrar,
una sombra compañera
Que sufra igual.

 

Sombrita cuídame mucho
Lo que tenga que dejar,
Cuando me moje hasta adentro
La oscuridad.

 

A veces sigo a mi sombra, 
A veces viene detrás,
Pobrecita si me muero
Con quién va a andar ?

 

 

 

GRACIAS A LA VIDA / Merci à la vie
Violeta Parra (Chili) 

Gracias a la vida 
Que me ha dado tanto
Me dio dos luceros
Que cuando los abro
Perfecto distingo
Lo negro del blanco
Y en el alto cielo su fondo estrellado

Y en las multitudes 
El hombre que yo amo. 

 

Gracias a la vida 

Que me ha dado tanto
Me ha dado el sonido
Y el abecedario
Con eĺ las palabras 
Que pienso y declaro
"Madre, amigo, hermano" 
Y luz alumbrando la ruta del alma del que estoy amando.

 

Gracias a la vida 
Que me ha dado tanto
Me ha dado el oído
Que en todo su ancho
Graba noche y día
Grillos y canarios
Martillos, turbinas, ladridos, chubascos
Y la voz tan tierna de mi bien amado. 

 

Gracias a la vida 
Que me ha dado tanto
Me ha dado la marcha 
De mis pies cansados
Con ellos anduve
Ciudades y charcos
Playas y desiertos, montañas y llanos 
Y la casa tuya, tu calle y tu patio. 

 

Gracias a la vida 
Que me ha dado tanto
Me ha dado la risa
Y me ha dado el llanto
Así yo distingo
Dicha de quebranto
Los dos materiales que forman mi canto 
El canto de ustedes que es mi propio canto 
Gracias a la vida que me ha dado tanto ! 

 

 

 

TE RECUERDO AMANDA / Souviens-toi Amanda
Víctor Jara (Chili) 

 

Te recuerdo Amanda 
La calle mojada
corriendo a la fábrica
Donde trabajaba Manuel. 

 

La sonrisa ancha
La lluvia en el pelo,
No importaba nada 
Ibas a encontrarte con eĺ
Con eĺ, con eĺ, con eĺ

 

Son cinco minutos,
La vida es eterna
En cinco minutos.

 

Suena la sirena

De vuelta al trabajo
Y tú caminando,
Lo iluminas todo

Los cinco minutos 

Te hacen florecer.

 

La calle mojada,

corriendo a la fábrica,

Donde trabajaba Manuel. 

 

La sonrisa ancha

la lluvia en el pelo,
No importaba nada 
Ibas a encontrarte con eĺ
Con eĺ, con eĺ, con eĺ.

 

Que partió a la sierra 
Que nunca hizo daño,
Que partió a la sierra 

 

Y en cinco minutos
Quedó destrozado.
Suena la sirena
De vuelta al trabajo,
Muchos no volvieron,
Tampoco Manuel. 

 

 

 

MANIFIESTO / Manifeste
Víctor JARA (Chili)

Yo no canto por cantar
Ni por tener buena voz,
Canto porque la guitarra
Tiene sentido y razón.

 

Tiene corazón de tierra
Y alas de palomita,
Es como el agua bendita,
Santigua glorias y penas.

 

Aquí se encajó mi canto,

Como dijera Violeta,
Guitarra trabajadora
Con olor a primavera.
Que no es guitarra de ricos
Ni cosa que se parezca.
Mi canto es de los andamios

Para alcanzar las estrellas,

 

Que el canto tiene sentido
Cuando palpita en las venas

Del que morirá cantando
Las verdades verdaderas,

 

No las lisonjas fugaces
Ni las famas extranjeras

Sino el canto de una lonja

Hasta el fondo de la tierra.

 

Ahí donde llega todo
Y donde todo comienza,
canto que ha sido valiente
Siempre será canción nueva.

PUNAY 
Atahualpa Yupanqui (Argentine)

 

¡ Punay ! ¡ Punay !  
¡ Devuélveme, devuélveme,
Mi pastorcita perdida !
Pastorcita de la Puna, 
Te extraviaste en noche mala, 
Mi voz te busca en el viento 
Y en la Puna te reclama. 
Aunque tenga en esta vida, 

Que viento y tierra tragar, 
Pastorcita de la Puna, 
Ti de encontrar. 


¡ Punay ! ¡ Punay ! 
¡ Devuélveme, devuélveme,
Mi pastorcita perdida!

 

 

 

DOS  GARDENIAS / Deux Gardénias

Isolina Carrillo (Cuba)

 

Dos gardenias para ti,
Con ellas quiero decir
Te quiero, te adoro, mi vida.
Ponles toda tu atención
Que serán tu corazón y el mío.

 

Dos gardenias para ti
Que tendrán todo el calor de un beso.
De estos besos que te di
Y que jamás encontrarás
En el calor de otro querer.
A tu lado vivirán
Y te hablarán
Como cuando estás conmigo.
 hasta creerás que te dirán

Te quiero.

 

 

 

A DESALAMBRAR / Abaissons les barbelés

Daniel Viglietti (Uuruguay)

 

Yo pregunto a los presentes
Si no se han puesto a pensar
Sue esta tierra es de nosotros
Y no del que tenga más.

 

Yo pregunto si en la tierra
Nunca habrá pensado usted
Que si las manos son nuestras
Es nuestro lo que nos den.

 

¡ A desalambrar, a desalambrar !
que la tierra es nuestra,
Es tuya y de aquel,
De Pedro y María, de Juan y José

 

Si molesto con mi canto
A alguien que no quiera oir
Le aseguro que es un gringo
O un dueño de este país.


¡ A desalambrar, a desalambrar!
Que la tierra es nuestra,
Es tuya y de aquel,
De Pedro y María, de Juan y José

LLEGÓ CON TRES HERIDAS / Arrivé avec trois blessures

Miguel Hernández - Joan Manuel Serrat (Espagne)

 

Llegó con tres heridas :
La del amor,
La de la muerte,
La de la vida.


Con tres heridas viene :
La de la vida,
La del amor,
La de la muerte.


Con tres heridas yo :
La de la vida,
La de la muerte,
La del amor.

 

 

 

DE COLORES / En couleurs
Traditionnel mexicain 

 

De colores, de colores 
Se visten los campos en la primavera
De colores, de colores 
Son los pajaritos que vienen de afuera
De colores, de colores 
Es el arco iris que vemos lucir

 

Canta el gallo, canta el gallo
Con el quiri quiri quiri quiri quiri
La gallina, la gallina 
Con el cara cara cara cara cara
Los polluelos, los polluelos
Con el pío pío pío pío pío pí

 

De colores, de colores 
Brillantes y finos se viste la aurora

De colores, de colores
Son los mil reflejos que el sol atesora

De colores, de colores 
Se viste el diamante que vemos lucir

 

Y por eso los grandes amores 

de muchos colores me gustan a mí

 

 

 

COMO UN PÁJARO LIBRE / Comme un oiseau libre
Adela Gleijer / Diana Reches (Uruguay)

 

Como un pájaro libre de libre vuelo,
Como un pájaro libre así te quiero.


Nueve meses te tuve creciendo dentro
Y aún sigues creciendo y descubriendo

Descubriendo, aprendiendo a ser un hombre
No hay nada de la vida que no te asombre


Cada minuto tuyo lo vivo y muero
Cuando no estás mi hijo cómo te espero
Pues el miedo, un gusano, me roe y come
Apenas abro un diario busco tu nombre


Muero todos los días, pero te digo
No hay que andar tras la vida como un mendigo
El mundo está en ti mismo, debes cambiarlo
Cada vez el camino es menos largo

 

 

 

EL POETA / Le poète
Atahualpa Yupanqui (Argentine)

Tú piensas que eres distinto
Porque te dicen poeta
Y tienes un mundo aparté
Más allá de las estrellas

 

De tanto mirar la luna

Ya nada sabes mirar
Eres como un pobre ciego
Que no sabe a dónde va

 

Vete a mirar los mineros
Los hombres en el trigal
Y cántale a los que luchan
Por un pedazo de pan

 

Poeta de tiernas rimas
Véte a vivir a la selva
Y aprenderás muchas cosas
Del hachero y sus miserias

 

Vive junto con el pueblo
No lo mires desde afuera
Que lo primero es el hombre
Y lo segundo, poeta

DUERME NEGRITO / Dors, petit enfant noir
Chanson populaire d’Amérique Latine - Auteur Anonyme

Duerme, duerme, negrito,
Que tu mama está en el campo

Negrito.
Duerme, duerme, negrito,
Que tu mama está en el campo,

Negrito.



Te va a traer codornices para ti, 

Te va a traer rica fruta para ti,
Te va a traer carne de cerdo para ti,
Te va a traer mucha cosa para ti.
Y si negro no se duerme
Viene diablo blanco
Y ¡ zas !

Le come la patita.

Chacapumba ( x6)
Chacapumba ( x6)

 

Duerme, duerme, negrito,
Que tu mama está en el campo,

Negrito.



Trabajando, trabajando duramente,
Trabajando sí,
Trabajando y va de luto,
Trabajando sí, 
Trabajando y va tosiendo,
Trabajando sí,
Trabajando y no le pagan,
Trabajando sí,


Pa'l negrito chiquitito,
Trabajando sí,
Va de luto sí,
Va tosiendo sí,
No le pagan sí,
Duramente sí.

Duerme, duerme, negrito,
Que tu mama está en el campo,
Negrito(x3).
 

Mention photographe : © monikawl999

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