En attendant de retrouver enfin le chemin de la scène (2 juin à Chambéry), nous vous dévoilerons progressivement en images quelques nouvelles chansons encore en chantier du prochain album de VIDALA à venir à l'automne 2020 filmées lors de notre première résidence de création à l'Auditorium de Villefranche. C'est également pour nous l'occasion de vous en présenter plus largement les auteurs, les propos et de partager ainsi plus encore ces oeuvres de la "Nueva Cancion" d'Amérique Latine.
1er rendez-vous découverte de cette série avec une chanson particulièrement emblématique en ce jour de 8 mai : "Como la cigarra"
COMO LA CIGARRA (1973)
María Elena Walsh (1930-2011)
Une des poétesses les plus connues d’Argentine, romancière, auteure-compositrice de chansons pour enfants, Maria Elena Walsh transforme le combat politique des droits de l’homme, en plein milieu de la dictature militaire, en poésie engagée et codée pour faire passer un message d’espérance et surtout de résistance et de courage, deux mots qui sont le symbole d’un peuple opprimé et privé de liberté.
Ecrite dans une Argentine convulsée au début des années 1970 et devenue un hymne avec le retour de la démocratie une décennie plus tard en 1983, "Como la cigarra" n'est pas née comme un hymne de résistance sociale et politique au départ. Le leimotiv de la chanson cachait à l'origine un ton plus personnel faisant allusion aux déceptions et aux joies vécues par les artistes, les hauts et des bas de la profession.
Enregistrée pour la première fois en 1973, les paroles transcenderont leur époque passant d’une résurrection artistique personnelle à une chanson de référence pour toute une génération.
Face à la spirale de violence déchaînée à partir 1973 et le début d'une des périodes les plus sombres du pays après le coup d’état de 1976, « Como la cigarra » fera écho à la censure, la guerre, la dictature, la mort, les disparus et à la résurgence du cri de liberté, de justice et de résistance, qui se reflèteront dans le chant constant de la cigale.
En 1978, alors que Maria Elena Walsh fera ses adieux à la scène, la grande chanteuse argentine Mercedes Sosa censurée par la dictature, arrêtée en concert et forcée à l’exil en 1979, enregistrera la chanson loin de sa patrie lors de sa tournée au Mexique, avec le guitariste Colacho Brizuela.
En 1981, María Elena Walsh sera diagnostiquée d'un cancer des os. La chanson prendra alors à nouveau un sens autobiographique : "Chanter au soleil comme la cigale, après un an de clandestinité, tout comme un survivant, revenant de la guerre ». Il en sera de même en 1982 pour Mercedes Sosa qui l'inclura dans ses concerts de retour d’exil, un moment clé dans l'histoire de la chanteuse et de la chanson composée par María Elena Walsh, une décennie plus tôt. "Comme la cigale" deviendra alors un véritable hymne générationnel dans la voix de Mercedes, comme une élégie à son propre pays : "Tant de fois ils m'ont tué / Tant de fois je suis mort / Pourtant je ressuscite ici".
María Elena Walsh avouera lors d'une interview que si elle devait choisir une chanson dans tout son répertoire, elle choisirait " Como la cigarra, fondamentalement à cause de ce qu'elle représente pour mes compatriotes. "
Como la Cigarra
Tantas veces me mataron Tantas veces me morí Sin embargo estoy aquí resucitando
Gracias doy a la desgracia Y a la mano con puñal Porque me mató tan mal Y seguí cantando
Cantando al sol como la cigarra
Después de un año bajo la tierra
Igual que sobreviviente Que vuelve de la guerra
Tantas veces me borraron Tantas desaparecí A mi propio entierro fui sola y llorando Hice un nudo del pañuelo pero me olvidé después
Que no era la única vez
Y seguí cantando
Cantando al sol como la cigarra
Después de un año bajo la tierra
Igual que sobreviviente Que vuelve de la guerra
Tantas veces te mataron Tantas resucitarás Cuántas noches pasarás desesperando Y a la hora del naufragio y a la de la oscuridad
Alguien te rescatará Para ir cantando
Cantando al sol como la cigarra
Después de un año bajo la tierra
Igual que sobreviviente Que vuelve de la guerra
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Comme la cigale
On m'a tuée tellement de fois, Je suis morte tellement de fois,
Et pourtant me voilà, ressuscitée.
Je rends grâce à la malchance
Et à la main serrant le poignard,
Parce qu'elle m'a tuée si mal, Et j'ai continué à chanter.
Je chante au soleil comme la cigale,
Apres un an passée sous terre,
Tout comme le survivant
Qui revient de la guerre.
On m'a effacée tellement de fois, Toutes ces fois, j'ai disparu, Je suis allée à mon propre enterrement, seule et en pleurs.
J'ai fait un nœud à mon foulard, mais après j'ai oublié Que ce n'était pas la seule fois Et j'ai continué à chanter.
Je chante au soleil comme la cigale,
Apres un an passée sous terre, Tout comme le survivant Qui revient de la guerre.
On t'a tué tellement de fois, Tu ressusciteras autant de fois Tu passeras tellement de nuits, désespérée. Et à l'heure du naufrage et à celle de l'obscurité
Quelqu'un te sauvera, Pour aller chanter.
Je chante au soleil comme la cigale,
Apres un an passée sous terre, Tout comme le survivant Qui revient de la guerre.
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